Retour sur la maison des commandants

Lettre de John Colborne, tirée du livre La Maison des Gouverneurs : résidence des gouverneurs généraux du Canada de 1781 à 1837 (Sorel, Éditions Beaudry & Frappier, 1981, p. 146-150), de Walter S. White.

Sorel, Bas Canada

le 21 novembre 1836

Milord,

Je me vois obligé d’attirer votre attention sur un droit établi depuis longtemps, le droit de possession de la maison des gouverneurs à Sorel.

Son excellence, lord Gosford, prétend que les gouverneurs civils ont priorité pour occuper la maison, et il n’accepte pas le raisonnement que les militaires ont toujours payé pour l’entretien de la maison. Ceci n’est pas la seule raison, notre demande est basée sur des raisons très différentes :

[…] Il y a aucune trace d’un fort à Sorel. Les travaux exécutés par les colons en 1665, si on peut l’appeler un fort, étaient détruits longtemps avant l’achat de la Seigneurie de Sorel en 1780, et avant la construction de la ville de William-Henry. La position de Sorel au confluent des rivières Richelieu et St-Laurent  est d’une grande importance militaire dû aux connections avec le lac Champlain par Chambly et St-Jean, une distance de 50 milles. Une division de l’armée du général Amherst en 1760, dès son arrivée au Canada, a suivi cette route. Une force sous le commandement de Montgomery durant l’invasion de 1775 marchait sur Sorel et coupait les communications avec Montréal. Les troupes sous le commandement de Burgoyne étaient assemblées et bivouaquées sur le Richelieu. Le général Haldimand a compris l’importance de la seigneurie et l’acquit pour la couronne.

Les barraques furent construites ainsi qu’une maison pour le commandant des troupes, la maison que j’occupe presentement. La vieille maison seigneuriale devrait être mentionnée et se trouve dans le village. Le général Riedesel était le premier résident dans la maison construite par le général Haldimand, suivi par le général St-Leger et le general Hope.

De l’année 1788 jusqu’en 1796 il se trouve très peu de documents dans le bureau du secrétaire militaire qui ont trait à la seigneurie, mais cette irrégularité a été expliquée par le major Green qui a constaté que lord Dorchester a amené tous ses papiers avec lui quand il a quitté son commandement et qu’ils furent perdus dans le naufrage de la frégate « Active » à Anticosti. Cette circonstance peut expliquer la raison pour le manque de documents relatif à l’achat de la propriété.

À partir de 1807 à 1824, les personnes qui administraient le gouvernement, ont aussi eu la commande des forces militaires, mais la correspondance relative à l’administration a continué à passer par le bureau du secrétaire militaire.

Le bourg de William-Henry est tenu par la couronne d’une façon très différente, c’est-à-dire, comme partie d’une seigneurie achetée par la couronne avec les fonds de la caisse militaire.

J’espère que votre seigneurie trouvera que ce cas a été traité par moi avec calme et modération.

Je suis etc.,

J. Colborne, lieut. Général

À lire dans le Sorel-Tracy Express : « La maison des commandants – partie II »

John Colborne

John Colborne

Mes excuses! Je me suis trompé en vous disant d’attendre jusqu’à la semaine prochaine pour lire la suite de « La maison des commandants » : le Sorel-Tracy Express a eu l’amabilité de le mettre déjà en ligne! Voici donc les liens menant aux deux parties de mon article sur les racines militaires de la maison des Gouverneurs, un symbole fort de la présence britannique à Sorel au cours du XVIIIe et du XIXe siècle :

La maison des commandants – partie I

La maison des commandants – partie II